Tôt ce matin là, extirpée de la chaleur du lit, allant vers un froid inévitable, je m’étais bien couverte, mais pour mon grand malheur, j’avais oublié mon parapluie !
Ignorant la pluie et le froid j’arpentais péniblement cette pente ardue, soudain je l’ai aperçu, presque entièrement engloutis par une épaisse brume. N’étaient visibles alors que les cordes d’acier, narguant par leur présence, l’imposant nuage.
Enfin sur le pont, mes yeux se heurtaient à une vision inchangeable, je tentais vainement de voir au-delà de cette brume grise envahissant sans cesse mon visage, je me suis même penchée dans l’espoir de saisir une image furtive du sublime gouffre de Constantine.
Marcher sur un nuage, sentir mes pas posés sur une surface frêle, j avais l’impression folle de voler, accentuée par le vent qui faisait chanceler l’édifice. La brume quant à elle, me replongeait dans une ambiance de peur, la peur de l’inconnu, la peur de ce qu’on ne peut pas voir: le puissant invisible ! Il s’imposait aux regards -pour la majeure partie détournés- un paysage unique, des roches calcaires bleuies par la tristesse et le froid de cette journée.
La végétation dense tapissait les parois du précipice, ce dernier semble aspirer les âmes sensibles à sa beauté, offrant un profond abri aux passionnés qui n’ont désormais plus leur place sur terre ; sur la terre haute des vivant.
Un pont, où même le démon est convié