Philippe de Villiers est entré en politique par effraction et il en est ressorti avec un énorme dégoût. Aujourd’hui, on peut même dire qu’il la déteste pour tout le mal que ses représentants ont fait à notre pauvre pays. Il a côtoyé tous les puissants. Tout d’abord Chirac, chaleureux mais sans la moindre conviction, qui pouvait se droitiser la semaine à Paris et se gauchiser le week-end en Corrèze. Puis Giscard qui voyait la France comme une puissance moyenne, voire de second rang, qu’il fallait dissoudre au plus vite dans une Europe fédérale. Pour lui, la France était trop petite (1% de la population mondiale) pour pouvoir résoudre seule ses problèmes. Puis Mitterand qui l’estimait vu que lui-même venait de la droite et savait naviguer vers la gauche quand cela pouvait lui servir. Il a bien connu également Pasqua qui fut un temps son allié, Philippe Séguin et Jimmy Goldsmith qui lui fit la courte échelle pour décrocher son mandat européen ce qui lui permit de découvrir que c’était l’argent qu’on déversait sur les sondeurs qui permettait de l’emporter. Et l’on peut poursuivre la liste avec Hassan II qui aimait sincèrement notre pays, l’affreux Boudarel, le tortionnaire communiste des camps de la mort Viet-Minh, l’immense Soljenitsyne qui vint inaugurer un monument dédié au souvenir des martyrs de la Vendée et même Poutine qui lui acheta le concept du Puy du Fou pour l’adapter à son pays.
Ce livre est à la fois un récit de souvenirs, un témoignage et un manifeste sur la droite où l’on arrive jamais. Le réquisitoire est des plus sévères sur la politique menée depuis un demi siècle. Selon lui, la France est devenue un champ de ruine. L’agriculture est complètement sinistrée. Il y avait 10 millions d’actifs agricoles après la guerre, il en reste à peine 900 000 aujourd’hui avec un suicide par jour. Les centres-villes se désertifient de plus en plus au profit des grandes surfaces de leur périphérie. La haine de soi est devenue omniprésente. Le dénigrement de la France est constant. Le migrant a remplacé le prolétaire abandonné à la mondialisation sauvage. Notre industrie a été démantelée au profit de pays étrangers où les salaires sont moins élevés que chez nous (Plus d’un million d’emplois perdus). Le livre étant paru en 2015, l’auteur ne parle pas de la triste suite des évènements qui n’ont fait qu’empirer jusqu’à nous amener au bord du gouffre. Ouvrage intéressant ne serait-ce que pour se rendre compte de l’importance et des raisons du désastre.
4,5/5
Détails sur Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (Philippe de Villiers)
Auteur : Philippe de Villiers
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 323
Format : 11X15