La route de la Kolyma. Voyage sur les traces du Goulag

Critique de le 13 septembre 2020

Je n‘ai pas aimé...Plutôt déçu...Intéressant...Très bon livre !A lire absolument ! (Pas encore d'évaluation)
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Histoire

Le grand historien du Totalitarisme Communiste et plus particulièrement du Soviétisme en U.R.S.S., Nicolas Werth, a décidé d’organiser récemment, en août 2011, un périple avec sa fille Elsa, sur les « traces » des vestiges du Goulag, dans la magnifique mais inhospitalière région de la Kolyma en Russie, où l’hiver dure presque toute l’année avec des températures pouvant descendre fréquemment jusqu’à – 50° !
En effet, décortiquant depuis vingt ans, les Archives entrouvertes de Moscou, suite à l’effondrement de l’U.R.S.S. en 1991, Nicolas Werth ressentit le besoin, voire l’impérieuse nécessité, pour « matérialiser » les tragiques faits historiques en côtoyant les rescapés et les lieux, de se rendre où ont été perpétrés une partie des monstrueux Crimes contre l’Humanité Soviétiques. Sa fille et l’auteur ont donc parcouru les lieux : des camps de concentration et de travaux forcés du Goulag Stalinien, des charniers exhumés des victimes fusillées, recueilli les derniers témoignages des quelques survivants désormais âgés, et des rares musées, afin de rendre hommage à toutes ces victimes oubliées de la répression Soviétique aveugle et impitoyable, et de pouvoir ainsi perpétuer la Mémoire des victimes du régime Totalitaire Communiste.
D’autant plus que le temps presse, car les vestiges ont presque tous disparu et les rescapés sont de moins en moins nombreux…

Pour se rendre dans la région de la Kolyma, ils passèrent évidemment par sa zone de transit, sa « capitale » : Magadan. Afin de se rendre compte de l’horreur des déportations, Nicolas Werth précise que le voyage de 8 000 kilomètres qu’ils firent en avion entre Moscou et Magadan, dura neuf heures ; alors que les zeks (prisonniers), eux, le faisaient entassés dans des wagons à bestiaux dans des conditions dégradantes et déshumanisantes durant trois, voire quatre mois !
Mais ce n’était pas tout, car entre Vladivostok et Magadan, cette terrible déportation se poursuivait interminablement à fond de cale de cargos, dans des conditions d’hygiène aussi épouvantables que dans les wagons à bestiaux des convois de déportés.
Tragiquement, nombreux étaient ceux et celles qui mourraient de faim, de soif, de froid, de maladie… durant ces effroyables déportations.

Ivan Panikarov, un « spécialiste » de la Kolyma dresse alors l’effroyable bilan humain de la Kolyma, à Nicolas Werth (page 102) :
« Je l’interroge sur le nombre de détenus débarqués à la Kolyma entre 1932 et 1955. En se fondant sur un certain nombre de travaux d’historiens ayant travaillé dans les archives du NKVD de Magadan, il estime ce nombre à environ un million. Sur ce nombre, environ 150 000 seraient morts de froid, de faim, d’épuisement, de maladie ; 12 000 environ auraient été condamnés à mort et fusillés, l’immense majorité d’entre eux au cours de la Grande Terreur de 1937-1938. (…) En ce qui concerne la mortalité, elles indiquent, pour les camps de la Kolyma, un taux de 50 % supérieur à la moyenne des camps du Goulag durant l’ensemble de la période. »
Nicolas Werth et sa fille furent guidés dans leur périple par les responsables de l’association Memorial de Moscou, comme Irina Flige et Alexandre Daniel. Ces derniers mènent un travail de Mémoire formidable mais traumatisant en recherchant méticuleusement et sans relâche : les corps des victimes exécutées en exhumant les fosses communes et les charniers ; ainsi que les rescapés afin de recueillir leurs essentiels témoignages. Au total, il y eut 20 000 000 de déportés dans les camps de concentration du Goulag entre le début des années 1930 et le milieu des années 1950, soit 1 adulte sur 6 ; et 2 millions y périrent (confer Anne Applebaum : « Goulag : une Histoire »).

Également, 1 500 000 innocents dont la moitié, donc 750 000 furent fusillés arbitrairement et sommairement, et les 750 000 autres furent condamnés à dix ans de camp, durant les abominables seize mois que dura la Grande Terreur Stalinienne de 1937-1938 ! (confer Nicolas Werth : « L’ivrogne et la marchande de fleurs : Autopsie d’un meurtre de masse 1937-1938).
Nicolas Werth se rendit, entre autres, sur le gigantesque charnier de Boutovo, où, 21 000 condamnés à mort furent exécutés par le N.K.V.D. (la Police Politique Soviétique) entre le 8 août 1937 et le 19 octobre 1938, dans le secret le plus total. Tellement secret (comme la plupart des opérations d’extermination de masse), que ce charnier ne fut découvert par l’association Memorial, qu’au début des années 1990.
Nicolas Werth se rendit également sur l’un des plus sinistres et importants lieux d’exécution de masse de la Kolyma, celui de la Serpantinka, où, entre 6 000 et 10 000 détenus furent exécutés.
Au début des années 1990, dans un article, l’un des rares rescapés des exécutions de la prison de la Serpantinka, Ilia Fedorovitch Taratine, décrivit la manière dont ces exécutions étaient menées implacablement par les Tchékistes du N.K.V.D., dans la cour intérieure, entourée d’une haute palissade (page 125) :
« Cette cour ne se distinguait guère de ces abattoirs ruraux que l’on trouvait dans la plupart des villages russes. Les condamnés, entravés, étaient abattus d’une balle dans la nuque. La cour était maculée de sang qui stagnait des jours durant (…) Les gardes venaient chercher les condamnés par petites fournées d’une demi-douzaine environ. On savait quand les exécutions avaient lieu au bruit des moteurs de deux tracteurs que les tueurs faisaient ronfler pour couvrir le bruit des détonations des pistolets Nagan (note n°50 : I.F. Taratin, « Serpantinka », Kraevedtcheskie Zapiski, Magadan, 1992, vyp. 18, p.63.). »
Et des charniers de fusillés comme celui de Boutovo, de la Serpantinka, ou comme celui du désormais tristement célèbre charnier de Katyn, il en existe une foultitude d’autres à travers toute la Russie qui seront encore découverts au fil du temps…
D’autres exemples : le 1er juillet 1997, les corps de 1 825 détenus de l’Archipel concentrationnaire des îles Solovki (confer Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov: « Aux origines du Goulag, Récits des îles Solovki : l’île de l »enfer suivi de : Les camps de la mort en URSS »), condamnés à mort dans le cadre de « l’opération spéciale de désengorgement des camps » menée par le NKVD, furent découverts par Irina Flige et Veniamin Ioffe, dans des charniers du village de Sandarmokh. Depuis, dans ce même village, 230 autres fosses contenant les restes de plus de 9 500 fusillés ont été exhumés par ces mêmes membres de l’association Memorial.

Nicolas Werth nous rappelle également que ce n’est pas Staline qui a fondé le régime Totalitaire Communiste Soviétique. En effet, les deux véritables « cerveaux » de cette bande de Terroristes Bolcheviques (Communistes), avec la complicité de Staline, Felix Dzerjinski (chef de la Tcheka, la toute première Police Politique Communiste sous Lénine), Zinoviev, Kamenev, etc., ne sont autres que les « héros » des Communistes de toutes les générations, y compris, des Communistes d’aujourd’hui, à savoir : Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine, et Lev Davidovitch Bronstein, surnommé Léon Trotski. Ce sont, en effet, ces deux hauts responsables Bolcheviques qui ont mis en place le système Totalitaire Communiste mondial, suite au coup d’État militaire Bolchevique du 25 Octobre 1917, à Petrograd. Ces fondements Totalitaires comprennent : l’Idéologie Communiste obligatoire considérée comme « Vérité Absolue », l’État-Parti-Unique, la Terreur Rouge Bolchevique, la Police Politique : la Tcheka de Dzerjinski, l’Armée Rouge de Trotski, les premiers camps de concentration dont le plus grand : l’Archipel des îles Solovki, le Communisme de Guerre engendrant la Guerre Civile, l’Internationale Communiste (ou Komintern), les Komsomols (les Jeunesses Communistes), etc..
Car en effet, récemment, en 2001, après les découvertes des nombreux charniers, Irina Flige et Veniamin Ioffe firent une autre découverte monstrueuse, mais d’une importance historique fondamentale (page 166) :
« Quelques années plus tard, en 2001, Venia et Irina sont à l’origine de la découverte, à quelques kilomètres seulement de Saint-Pétersbourg, d’un autre grand charnier, celui des victimes de la « Terreur rouge » lancée, le 5 septembre 1918, par Lénine, à la suite de l’attentat dont il avait été victime quelques jours auparavant. La localisation des fosses communes du polygone militaire du « bois de Kovalev » (au moins dix mille fusillés) fut aussi le résultat de longues et patientes recherches dans les archives de la Tcheka. Découverte particulièrement importante, car elle rappelle une réalité longtemps passée sous silence, y compris durant la perestroïka : que les massacres massifs de civils n’ont pas débuté sous Staline, mais bien sous Lénine. »
Le livre se termine sur le témoignage d’une dame âgée mais encore très vaillante, Evguenia Petrovna, qui, comme Margarete Buber-Neumann (confer les références de livres ci-dessous) a été, elle aussi, déportée par le deux systèmes Totalitaires du 20ème siècle : d’abord, par la Gestapo dans le camp de concentration Nazi de Ravensbrück, puis par le NKVD au Goulag, à la Kolyma !

Toutes ces horreurs sur les camps de concentration du Goulag de la Kolyma ont déjà été largement et parfaitement bien décrites par des rescapés, comme, entre autres :
– Evguenia S. Guinzbourg : « Le Vertige, tome 1″ et  » Le ciel de la Kolyma, tome 2″ ;
– Margarete Buber-Neumann : « Déportée en Sibérie, prisonnière de Staline et de Hitler, tome 1 » et « Déportée à Ravensbruck, tome 2 » ;
– Alexandre Soljénitsyne : « L’Archipel du Goulag » ;
– Varlam Chalamov : « Récits de la Kolyma » ;
– Gustaw Herling : « Un monde à part » ;
– Etc..

Détails sur La route de la Kolyma. Voyage sur les traces du Goulag

Auteur : Nicolas Werth

Editeur : BELIN LITTERATURE ET REVUES

Nombre de pages : 240

Isbn : 978-2701164168

La route de la Kolyma. Voyage sur les traces du Goulag

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