En Bretagne, à la fin du XVIIIème siècle, Filhol de Tréguern, aristocrate désargenté, est censé jouer les revenants quelque part sur la lande déserte non loin du Trou de la Dette. La douairière Françoise Le Brec et Marianne, la sœur du disparu viennent la nuit sur les lieux dans l’espoir de voir apparaître son fantôme. Mais rien ne se produit, aucune voix ne s’élève dans les ajoncs… Et soudain, elles aperçoivent une forme humaine sortie des broussailles, c’est un spectre de femme avec un visage d’une beauté angélique encadré d’une vague de boucles blondes. Il s’agit de Geneviève de Tréguern, la veuve du revenant, qui le cherche également. Mais où donc Filhol est-il passé ? On le dit mort des fièvres depuis longtemps. Et pourquoi cette croyance selon laquelle tout Tréguern doit mourir trois fois ?
« Une histoire de revenants » est le premier tome d’un roman fantastique de Paul Féval, auteur breton qui, à son époque, rencontra un succès équivalent à ceux de Balzac ou de Dumas. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et pourtant ce prolifique romancier nous gratifie ici encore d’une histoire pleine de rebondissements écrite d’une plume alerte et de descriptions minutieuses d’une Bretagne profonde, pleine de mystère et de croyances aux esprits, aux sorciers et autres korrigans. Sans doute est-ce le côté le plus passionnant de ce texte. Quelques années après la Révolution et la révolte des Chouans, le pays pauvre et arriéré est encore imprégné des us et coutumes de l’ancien régime. Les nobles bénéficient toujours du dévouement et du respect de leurs paysans. Un des personnages prend même la place de son seigneur au moment de la conscription. Il y laissera un bras et se sacrifiera même pour lui. Et pourtant, l’âge d’or des Tréguern est terminé. Ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et le lecteur ne découvrira leur fin et la clé de l’énigme que dans le second tome intitulé « L’homme sans bras ».
3,5/5
Une histoire de revenants (Paul Féval)