Alors que les évènements de Mai 68 battent leur plein au Quartier Latin, Brigitte met au monde son bébé en regrettant de ne pas pouvoir participer à cette révolution. Avec Jean-Claude, chercheur au CNRS, ils forment un couple d’intellectuels modernes et complètement libérés. Ils ne se cachent rien de leurs aventures extra-conjugales. Tout va bien quand il s’agit de Brigitte, mais quand Jean-Claude s’offre un petit retour de flamme avec Adeline, sociologue dans le même organisme que lui, Brigitte le prend très mal et, paradoxalement, ne lui pardonne qu’en échange d’une promesse de mariage en bonne et due forme.
« Le séminaire de Bordeaux » est un roman comme on n’en écrit plus. Parfaitement construit, merveilleusement écrit dans une langue riche et détaillée, débordant d’intelligence et d’humour (l’analyse des expressions branchées et leur traduction est déjà un régal à lui tout seul). Les longs développements ne manquent pas, mais jamais ils ne sont verbeux ou pompeux. Le confort de lecture est total en dépit d’une sophistication évidente du style. Le regretté Jean Dutourd était un maître de la littérature qui méritait amplement son habit et son épée d’académicien. Tous les titulaires actuels de la vénérable institution ne peuvent pas en dire autant. En ce qui concerne le fond, nous sommes dans la droite ligne des « Horreurs de l’amour », mais cette fois dans le cadre bien particulier de la révolution sexuelle de Mai 68. Observateur perspicace et un tantinet caustique de la société, Dutourd analyse tout ce chambardement avec une grande finesse, beaucoup d’humour et pas mal de philosophie. Avec le recul que nous avons aujourd’hui, nous pouvons mieux nous apercevoir à quel point il avait raison et quel extraordinaire visionnaire il était. Lisez Dutourd, vous ne serez jamais déçus.
4,5/5
Le séminaire de Bordeaux (Jean Dutourd)