Une famille sans histoires ou presque. Le professeur Patrick Verdier, son épouse Camille et leur fille Emma, cinq ans. Jusqu’ici, elle a suivi « le chemin bucolique d’une vie sans histoires. » Seulement voilà, Camille aimerait ne pas mourir d’ennui. Aussi, pour pimenter ce quotidien trop lisse, cette femme discrète et raisonnable «dont la beauté, plastique comme intérieure, n’a pas encore révélé toute la mesure de sa puissance» va tromper son mari avec Étienne. Employé dans un restaurant, homme de caractère à la beauté virile, ce dernier jouit de davantage de liberté. Il n’a plus de femme et sa fille Mylène a déjà trouvé un débouché professionnel. Elle est institutrice et, comme souvent dans des petites villes, le hasard veut qu’elle s’occupe d’Emma.
Le destin de l’une et de l’autre va basculer lors d’une sortie scolaire. Après une altercation – Emma ne veut pas construire de cabane avec les autres élèves en présence de Mylène – la petite fille disparaît. Au moment de reprendre le bus pour rentrer, c’est le branle-bas de combat. Il faut essayer de retrouver Emma au plus vite, car la nuit va tomber. Les premières recherches restant vaines, il faut prévenir la police et les parents. Ce sera finalement Mylène qui découvrira la petite fille dans un trou, où elle finira par glisser également en voulant porter secours.
Désormais prisonnière dans ce piège, l’institutrice va parvenir à éjecter son élève hors de l’anfractuosité afin qu’elle puisse appeler de l’aide. Quand Emma rejoint ceux qui sont partis à sa recherche, c’est le soulagement général, même si Patrick menace de ne pas en rester là et de porter plainte contre la négligence coupable de l’établissement scolaire. Pour le capitaine Dupuis, l’affaire est classée. Il peut lever le camp avec ses hommes. Personne ne s’est encore rendu compte que Mylène manque à l’appel.
Étienne va s’inquiéter de l’absence inhabituelle de sa fille et demander à Dupuis de l’aide, même s’il ne porte pas vraiment les forces de l’ordre dans son cœur. Comme Emma, qui s’est blessée en tombant dans son trou, porte le foulard de Mylène comme pansement autour de son bras, on la presse de questions. Encore traumatisée, elle répond systématiquement «Je sais pas».
Et même si le policier, Étienne et Camille se doutent que la fille cache quelque chose, personne ne réussira à lui faire dire davantage que ces trois mots qui sonnent comme le coup de grâce pour Mylène. Car l’institutrice est diabétique et doit être secourue rapidement.
Mais le temps passe, les tensions s’exacerbent. Étienne fait désormais pression sur Camille pour que sa fille parle, sur la police qui devant tant de véhémence finit par fouiller dans le passé du cuisinier pour découvrir qu’il a déjà eu affaire à la justice. Le malaise croît de page en page, car Barbara Abel a construit son thriller avec beaucoup de finesse, notamment en donnant à chaque fois au lecteur un coup d’avance.
On suit Mylène dans son trou, essayant de se sortir de son mauvais pas puis, en parallèle, l’enquête de la police, les efforts quasi désespérés d’Étienne pour tenter de retrouver son enfant (« Qu’importe l’âge de nos enfants, le monde s’écroule autour de nous lorsqu’ils sont dans la tourmente.») et ceux de Camille qui craint aussi que cette histoire ne fasse exploser son couple, que sa liaison ne finisse par éclater au grand jour. Dans ce maelstrom de sentiments et d’émotions, on en viendrait presque à oublier l’«innocente» fillette et la lourde chape de mystère qui l’entoure.
Comme on peut s’y attendre de la part d’un auteur aussi talentueux que Barbara Abel, l’épilogue va être riche de rebondissements.
Je sais que cela fait un peu cliché d’écrire qu’il est difficile de ne pas lâcher le livre avant la fin, mais c’est pourtant le cas. Je vous suggère d’essayer à votre tour…
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Détails sur Je sais pas… peut-on être criminelle à cinq ans?
Isbn : 978-2714470874